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NICC-COLUMNS IN HART – La Traque de l’Art

Leur soit disant intérêt pour l’art n’est que la peur animale de rater le prochain Warhol. S. Bonati.

En art, il ne s’agit plus d’une œuvre, d’un objet ou de son contenu , mais de sa genèse en tant que produit. Le nom de l’auteur est un label de plus dans l’éventail propre au luxe et à la distinction. Pinault, Saatchi, Rolex, Paris Hilton, Sisley, Jeff Koons, Cartier, Damien Hirst, Swatch ont avec des variantes stratégiques de communication, mais la même volonté d’occuper le terrain médiatique.

C’est la traçabilité depuis son origine jusqu’à la salle de vente qui situe ce super produit quelque part dans la galaxie sociale. Jusque là rien de nouveau sous le soleil, les puissants de ce monde ont de toujours illustré leur pouvoir avec une forme d’art censée apporter à leur image dominante, un supplément d’âme , un passe droit d’honorabilité, un passeport pour l’histoire.

Ce qui aujourd’hui change profondément la donnée , c’est avec laquelle se pratique la spéculation des objets d’art par un nombre sans cesse croissant de participants des pays dits émergeant. La caractéristique de ceux-ci est de lancer sur le marché des succédanés efficaces qui s’alignent sur l’avant-gardisme international avec un brin de couleur locale. Cette nouvelle mouvance conforte la surchauffe du marché et les surrévalutions délirantes qui feignent d’ignorer les crises et les tensions internationales. Dans un clan d’élus dont le champ se rétrécit, les acteurs principaux s’enferment dans un système de faire-valoir de jet-set, secondés par la presse spécialisées et par la presse people. Les collectionneurs leader sont pollués insidieusement par des influents de tous poils, un entourage de conseillés incultes et coupé des réalités. Les luttes d’influence font rage et les artistes leaders n’ont pas leur pareil pour brouiller les pistes et agrandir leur part de gâteau . C’est dans un univers de plus en plus consanguin et embouteillé que se trafique une histoire de l’art à la carte, au fil des modes et des remakes.

Ce fameux parcours des oeuvres en quête de légitimité peut être réel ou fabriquée à coup de certificats de complaisances, d’historiques tronquées et d’effets médiatiques scénarisés, peu importe. Seuls ses indices génétiques lui permettent d’exister. Les seuls arguments qui entrent en ligne de compte sont les labels des galeries, des marchands, des salles de vente, des collectionneurs et des curateurs de musées, et des professions annexes. En plus, leur réputation est prestigieuse plus la cote a des chances de rester stables, même si elle est surfaite.

L’ensemble de ces critères d’origine est évidemment tributaire de l’air du temps, des crises bancaires et pétrolières, bref de tout ce qui peut le porter une oeuvre aux nues, l’occulter ou la faire disparaître de la scène symbolique.

J.Charlier. Venise, 2009

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